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Victor Hussenot nous plonge Au pays des lignes

Victor Hussenot, deux fois Jeune Talent, publie son troisième album Au pays des lignes (éditions La joie de lire), après La Casa et Les gris colorés.

Un enfant bleu et une fillette rouge, perdus au beau milieu d’un pays de lignes bleues et rouges, où surgissent de temps en temps des éléments étranges et jaunes. Victor Hussenot vient de publier une perle, une bande dessinée muette à destination de la jeunesse. Album où deux personnages se débattent dans une ambiance onirique parfois hostile et démesurée, dans un labyrinthe de lignes qui évoquent un décor de jeu vidéo, avant de retrouver leurs foyers. Et cela ne nous ne surprend pas qu'il soit déjà sur son prochain album, pour la maison d'édition anglaise Nobrow.

 

1/ Pouvez-vous nous présenter avec vos mots, en noir ou en couleurs, ce livre Au pays des lignes ?

Victor Hussenot : Au pays des lignes c'est une petite histoire, une rencontre entre deux enfants, une fille rouge et un garçon bleu. Ils sont perdus au milieu d'un paysage naturel et géométrique, le garçon va guider la fille jusqu'à sa couleur, le rouge...

Dans cette BD, la petite histoire et le dessin servent à distraire l'enfant ou l'adulte, comme le font les péripéties dans les récits d'aventures.

La fille et le garçon sont comme des schémas de personnes, très simples, sans visage, pour que tout le monde puisse s'y identifier. Comme souvent dans les BD que j'entreprends je tiens à être le plus universel possible.

 

2/ Vous utilisez la couleur comme un élément narratif. Ce n’est pas la première fois dans vos œuvres ; quelle est l'origine de ce projet ?

V.H. : La couleur possède une portée narrative universelle, comme la BD muette. La couleur permet de traduire des émotions, des sentiments, de rentrer dans l'intime.

Je pense qu’avec elle, on peut exprimer d'une manière très efficace certaines facettes du langage ou sentiments humains. 

Et effectivement la couleur est un élément narratif qui revient dans la plupart de mes projets. Dans Les Gris colorés qui sortira en très bientôt à la 5e couche, elle est au centre du récit, je l'utilise comme un système, permettant aux personnages de passer de l'état "Gris" qui est neutre, à l'état "Coloré", sensé traduire une émotion ou une humeur. 

Ce qui me plait avec la fonction narrative qu'apporte la couleur, c'est  l'universalité et la sensibilité qu'elle peut offrir à une narration.

Enfin, dans le projet sur lequel je travaille actuellement, qui sortira aux éditions Nobrow, la couleur à une autre fonction narrative. Cette fois, elle est utilisée de plusieurs manières différentes, durant tout le long du projet, comme ambiance, comme composition narrative et rythmique. Ou bien encore comme outil venant souligner des éléments visuels importants dans le récit, comme les personnages.

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3/ Au pays des lignes a été publié par les éditions La joie de lire, comment l’éditeur intervient -ou non- sur votre travail de création ?

V.H. : Pour Au pays des lignes, cela s'est fait très simplement, la collaboration avec Pascale Rosier a été vraiment agréable. J'ai tout simplement proposé le début du projet (quelques pages), ça a plu, alors j'ai envisagé et improvisé la suite de l'histoire.

Parfois j'avais quelques pistes qui semblaient moins fortes, l'éditeur me l'a fait remarquer, j'ai bien pris en compte son point de vue avec lequel j'étais rapidement d'accord. Par chance tout s'est fait naturellement, j'ai pris du plaisir à trouver cette petite histoire et son esthétisme. On a même pu discuter du papier et décider de faire un motif imprimé à l'intérieur, ce qui n'était absolument pas prévu à la base!

La Joie de lire m'a laissé totalement libre, je n'avais que le nombre de pages et le format à respecter, ce qui est normal puisque la BD s’inscrit dans une collection définie (La collection Somnambule).

 

4/ Au pays des lignes est dessiné au stylo bille, mais vous avez également créée des projets BD en digital comme LEVEL 1 sur Grandpapier. L'attention aux couleurs, aux lignes qui s'interposent, à la forme et l'espace du dessin semblent être les clefs de votre travail. Quel est le média qui vous paraît le plus approprié ?

V.H. : C'est vrai que très souvent l'image raconte et il y à rarement du texte dans les projets de BD que j'entreprends.

Je ne crois pas qu'il y ait un média plus fort qu'un autre, en tout cas, dans ma manière d'envisager la narration, je change de média si l'histoire, la réflexion ou le concept l'exige. Pour "Les gris colorés", l'aquarelle me semblait la bonne technique, car la couleur se diffuse, comme les émotions, dans le corps des personnages. Dans Au pays des lignes, le trait du stylo me semblait le meilleur outil, car il donnait la possibilité au dessin d'être à la fois minimal et élaboré. Dans LEVEL, les pixels se sont naturellement imposés, puisque le récit parle de personnages jouant et vivant dans des jeux vidéo. 

 

5/ Qu'est-ce vous a apporté cette double sélection au Concours Jeunes Talents d'un point de vue humain, ou artistique ? Avez-vous des conseils pour les jeunes auteurs qui voudraient se lancer ?

V.H. : Grâce à ces sélections, j'ai pu rencontrer d'autres Jeunes talents qui sont devenus des amis.

De plus, les planches que j'avais présentées à la deuxième sélection faisaient partie d'un projet d'album, j'en ai profité pour le proposer aux éditions Warum. Wandrille Leroy et Benoit Préteseille ont alors accepté d'éditer mon projet de bande dessinée La Casa qui était alors un de mes projets de diplôme aux Beaux-Arts.

Ces sélections m'ont donc confirmé que j'empruntais la bonne voie, ça m'a beaucoup encouragé et fait prendre de plus en plus confiance dans mon travail. Je ne sais pas si j'aurais des conseils à donner, c'est un milieu difficile où il faut être patient... peut-être, être tenace, si vraiment on y croit !

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