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Jérémie Moreau pour Max Winson

Deuxième article de cette série d’interviews destinées à mettre en lumière le travail des anciens Jeunes Talents, Jérémie Moreau publie cette année le très surprenant Max Winson.

Avec un premier volume en janvier qui va se compléter d’un second en fin d’année, cette histoire nous entraine sur les traces d’un joueur de tennis invaincu qui va petit à petit apprendre à perdre. Un album atypique, deuxième réalisation de ce Jeune Talent après le Singe de Hartlepool, c’était l’occasion d’en savoir un peu plus sur son parcours de jeune auteur.

 

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Lauréat du concours de la BD Scolaire 2005 et plusieurs fois sélectionné avant de remporter le concours Jeunes Talents en 2012, peux tu nous raconter ce « parcours » ? Qu’en retires-tu aujourd’hui ?

Jérémie Moreau : Tout commence à l’âge de 8 ans, quand mon frère fait le concours de la bande dessinée scolaire d’Angoulême. Je me mets à y participer frénétiquement, tous les ans. Et je gravis les marches année après année avec des prix de plus en plus conséquents : à 12 ans mon premier écureuil d'or national, à 16 ans le Grand prix de la Bande dessinée scolaire et à 23 le prix Jeune Talent... Mais en définitive ce ne sont pas les prix qui sont importants, l'essentiel c'est d'avoir une carotte, un but à atteindre, pour chercher à s'améliorer et ces concours sont formidables pour ça. Je n'aurais probablement pas remis en cause mon niveau de dessin ou la qualité de mes histoires à 12 ans si je ne m'étais confronté à d'autres enfants talentueux.

Aussi, les concours permettent d'aller au bout de quelque chose et de ne pas se complaire dans du dessin mécanique. Écrire une histoire, la mettre en scène, comprendre le média bande dessinée, la narration en ellipse, dessiner des décors, dessiner des personnages qui expriment des sentiments, ce sont des choses extrêmement complexes pour un enfant et pour n'importe qui en fait. Aujourd'hui je repense à toutes ces années, à toutes ces randonnées l'été avec mes parents durant lesquelles je ne cessais de réfléchir, chercher des idées pour ma prochaine histoire, et je comprends à quel point ça a été formateur. Dorénavant je vis avec mes histoires, je ne cesse d'y penser et je n'ai plus besoin de carotte.

 

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui se lancent aujourd’hui ?

Jérémie Moreau : Peut-être de ne pas se précipiter. Ne pas chercher à être publié le plus vite possible, l'important est de murir. De 18 à 25 ans c'est une formidable période de transformation, et il faut lui laisser du temps pour l'expérimentation, la culture, la recherche. 

 

Max Winson sort très peu de temps après le Singe de Hartlepool -et dans un style graphique complètement différent- c’était un projet que tu avais déjà initié ? La lancée de ce premier album (Sélection Officielle du FIBD, Prix des libraires BD 2013) t’a ouvert la voie ?

Jérémie Moreau : Le Singe de Hartlepool a été un album tremplin c'est certain. Je ne remercierai jamais assez Wilfrid Lupano pour m'avoir embarqué dans cette aventure. Max Winson est un projet que j'avais avant le Singe, mais je ne me sentais pas les épaules pour assumer un 300 pages, scénario, dessin pour un premier album. Et honnêtement je ne crois pas qu'un éditeur m'aurait fait confiance pour ce projet sans le succès du Singe.

 

Est-ce un parcours à la Max Winson ? D’où vient cette histoire ?

Jérémie Moreau : J'ai tendance à tisser mes scénarios à partir d'une petite phrase. Pour Max Winson j'avais cette idée d'un personnage qui gagne tout le temps et qui va tenter de perdre. Cet album est finalement devenu une sorte de fable anti-compétitive.  Je ne préfère pas faire de parallèle entre mon parcours et Max Winson car après mûre réflexion je crois que les compétitions sportives de haut niveau et les concours de bande dessinée ne jouent pas dans la même cour en matière de compétition.

Dans la Bande dessinée le succès, le talent d'un auteur ne dépendent pas des prix qu'il a reçus (ça peut aider, mais on ne résume par un auteur à son palmarès). Tandis que dans le sport, les médailles, les records, les prix, c'est la définition du sportif. C'est sa raison de vivre, on retire les huit trophées de Roland Garros à Raphael Nadal, le champion disparait, alors qu'on peut retirer tous les prix qu'on veut à Art Spiegelman, son œuvre est là, elle parle d'elle-même.

 

Quels sont les auteurs ou les albums qui t’inspirent ?

Jérémie Moreau : Pour les morts je dirais Winsor McCay, Gus Bofa, James Ensor. Pour les vivants,  je suis de près le travail de Manuele Fior, David prudhomme, Frederik Peeters, Brecht Evens, ...

 

Quelle est la suite de tes projets ? Un second volume l’année prochaine ?

Jérémie Moreau : Je suis en train de finir le tome 2 de Max Winson, il sortira en octobre, si tout se passe bien. Puis j'enchaine avec une adaptation d'un livre Jeunesse de Chris Donner Tempête au Haras chez Rue de Sèvres. L'occasion de changer encore de style puisque j'irai vers un graphisme avec des couleurs directes, probablement de l'aquarelle.

Pour en savoir plus, visitez son blog.